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Peut-on donner une fessée à un enfant désobéissant de temps en temps ?


[su_note note_color= »#faf1dd » text_color= »#000000″ class= »class »]Oui parce que ça n’a jamais tué personne, et puis qu’il l’a surement mérité…
Pour rester sérieux, et puisque c’est toujours nécessaire, je vous invite à partager ce texte.

En fin d’article, la notion de « comment faire autrement » est à la base de notre inspiration…[/su_note]

 

 

Peut-on donner une fessée à un enfant désobéissant de temps en temps ?

Ronald W. Pies, SUNY Upstate Medical University

La fessée, ou de manière plus officielle « les châtiments corporels,“ sont actuellement d’actualité en Amérique. Sur la route de la campagne présidentielle, le sénateur Ted Cruz a admis il y a peu que « si ma fille Catherine, cinq ans, ment sur quelque chose, elle reçoit une fessée ».

Et récemment, au Canada, à la suite d’une recommandation de la Commission Vérité et Réconciliation pour interdire la fessée, le gouvernement de gauche a promis d’abolir le droit des parents à discipliner physiquement leurs enfants. Sur la même base légale, en juin 2015, la Cour Suprême du Massachusetts a statué que l’État avait eu raison de rayer des listes un couple de parents adoptifs qui pratiquait les châtiments corporels et administrait des fessées aux enfants. Le couple avait fait valoir, en vain, que la discipline physique était partie intégrante de leur foi chrétienne.

Selon un récent article du Washington Post, le soutien de l’Amérique pour la fessée s’effrite lentement. Mais une majorité d’Américains sont en toujours en sa faveur.

Alors, on doit se poser la question : peut-on donner la fessée à un enfant se conduit mal, une fois de temps en temps ?

À titre d’information personnelle, ma femme et moi n’avons pas d’enfants, et autant que faire se peut, j’essaie de ne pas porter de jugement sur la façon dont les parents agissent face à des enfants qui ont des problèmes de comportement au quotidien.

Mais en tant que psychiatre, je ne peux pas ignorer les preuves accablantes selon lesquelles les châtiments corporels, y compris la fessée (qui est généralement définie comme frapper un enfant avec une main ouverte sans causer de préjudice physique), peuvent avoir de lourdes conséquences quant à la santé mentale des enfants.

Pourquoi les parents donnent des fessées aux enfants

Dans une étude sur les châtiments corporels aux États-Unis, Michelle Knox, professeur de psychiatrie à l’Université de Toledo, a relevé un détail frappant dans l’attitude américaine à l’égard des châtiments corporels :

Aux États-Unis, il est illégal de frapper les prisonniers, les criminels ou même les adultes. Ironiquement, les seuls humains que nous pouvons frapper légalement sont les membres les plus vulnérables de notre société – ceux que nous sommes chargés de protéger – les enfants.

Le professeur Knox, comme de nombreux professionnels de la santé mentale, souligne une forte corrélation entre les châtiments corporels et la maltraitance des enfants, en notant que «la fessée est souvent la première étape dans le cycle de la maltraitance des enfants ».

Ce qui peut commencer comme un acte bien intentionné pour discipliner un enfant se termine souvent par une colère croissante de la part des parents et par des coups portés plus sérieux.

Il ne s’agit pas de dire évidemment que les parents maltraitent systématiquement les enfants. Mais souvent, les parents sont poussés à l’extrême et ne considèrent pas d’autres méthodes disciplinaires – par exemple la mise à l’écart, le retrait de privilèges ou le renforcement positif des comportements appropriés de l’enfant.

L’impact de la fessée sur les enfants

L’impact psychologique sur les enfants victimes de châtiments corporels est bien documenté.

Pourquoi les parents donnent-ils la fessée aux enfants ?
Lauren, CC BY-NC-ND

En 2011, l’Association nationale des infirmières et infirmiers praticiens en pédiatrie (NAPNA) a publié une déclaration soulignant que « les châtiments corporels (CP) sont un facteur de risque important pour les enfants qui montrent une tendance à un comportement impulsif et antisocial… [et] que les enfants qui subissent souvent des châtiments corporels… sont plus susceptibles d’avoir des comportements violents à l’âge adulte ».

De même, l’Académie américaine de pédopsychiatrie a conclu en 2012 que « … même si les châtiments corporels peuvent réellement modifier les comportements à court terme, ils sont inefficaces à long terme et sont associés à une agressivité accrue et à une diminution de la réflexion intérieure sur le comportement approprié ».

En bref, donner la fessée un enfant peut sembler utile à court terme, mais c’est inefficace et probablement néfaste à long terme. L’enfant qui reçoit souvent des fessées estime généralement que la force physique est une méthode acceptable de résolution de problèmes.

Parents contre chercheurs

Mais attendez : n’y a-t-il pas des exceptions à ces déclarations très générales ? Ne peut-on pas considérer qu’à certains moments une petite correction sur le derrière peut être positive pour un enfant qui se conduit mal – ou du moins, qu’il n’en restera pas traumatisé ?

Beaucoup de parents le pensent, mais la plupart des spécialistes diraient qu’il y a peu de preuves pour appuyer ces dires. Toutefois, le Dr Marjorie Gunnoe, professeur de psychologie à Calvin College, et sa collègue, Carrie Lea Mariner ont publié une étude en 1997 qui concluait que « dans la plupart des cas les affirmations selon lesquelles la fessée entraîne un comportement agressif chez les enfants semble sans fondement. »

Gunnoe et Mariner ont fait valoir que les effets de la fessée peuvent dépendre de la « signification » que les enfants peuvent lui attribuer. Par exemple, la fessée perçue par l’enfant comme une agression parentale (par opposition à l’établissement de limites sans punition physique) peut être associée à un comportement agressif ultérieur.

La fessée peut conduire à plus d’agressivité chez les enfants.
Greg Westfall, CC BY-NC-ND

Et, certains parents ont évidemment fait valoir que c’est le mauvais comportement des enfants qui mène à la fessée – et non l’inverse.

Il n’empêche, il existe un fort consensus au sein des experts pour estimer que toute forme de châtiment corporel peut causer des dommages. Le Dr Catherine A. Taylor (de l’Université de Tulane) et ses collègues ont conclu dans une étude en 2010 que « même des formes mineures de châtiment corporel, comme la fessée, augmentent le risque de comportement agressif accru des enfants ».

En outre, des études cliniques ont montré que si les parents ont moins recours aux châtiments corporels, les enfants ont moins de risque d’être agressifs plus tard.

Les parents qui estiment qu’ils n’ont pas d’alternative à la fessée quand leurs enfants se comportent mal n’ont pas besoin de leçon ou d’être montrés du doigt. Mais ils pourraient bénéficier d’un soutien professionnel et éducationnel, visant à réduire leur niveau de stress et à les encourager à employer d’autres méthodes disciplinaires pour leurs enfants que les châtiments corporels.

The Conversation

Ronald W. Pies, Professor of Psychiatry, Lecturer on Bioethics & Humanities, SUNY Upstate Medical University

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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