Dans mon précédent article, je décrivais les processus à l’oeuvre dans une transformation et la faculté de chacun à transformer ces moments délicats en opportunité. Grâce à vos retours, je vois qu’un sujet reste à clarifier : La peur
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Rendre réel ce qui ne l’est pas

Bien souvent, ce qui nous fait peur n’est pas une réalité mais une création de notre esprit, pour nous protéger de conséquences possibles. Possibles mais pas réelles!
C’est une faculté de notre cerveau qui est là pour nous protéger, fréquemment, de ce ne nous ne comprenons pas ou ne savons pas. Afin de parer à toute éventualité, notre cerveau élabore sans notre aide, une multitude de scenarii, dont les plus négatifs. Et nous retenons ceux là parce que ce sont eux qui peuvent nous être nuisible. Ils ont donc toute notre attention.
De là, en coaching, il est souvent intéressant d’aller au bout de cette logique et de voir le pire du pire. Un cheminement classique est de se répéter « Et alors? ».
J’ai eu le cas d’un manager anxieux de la rentrée des congés d’été et surtout de ne pas être au point le premier jour. A tel point que les vacances n’en étaient plus vraiment. Il sera utile de creuser la criticité de la situation. En allant chercher le pire du pire, puis en estimant la probabilité que cela arrive, il est possible de largement soulager la personne de son stress pour lui permettre de focaliser sur l’essentiel. Dans ce cas précis, un seul dossier méritait vraiment son attention et une simple relecture du dossier et la consultation des quelques emails estivaux qu’il aurait pu rater en son absence suffisait à le tranquilliser.
Un père de famille anxieux de l’investissement scolaire de son fils, ado, plus intéressé par les filles, l’imaginait « finir sous les ponts ». Cette fois, en repartant de la situation de départ, et en allant chercher le pire du pire, il s’est arrêté à une période scolaire ratée, confiant en son fils pour savoir redresser la barre. L’objectif devenait alors de limiter la casse en lui permettant de se construire… aussi dans son rapport avec les filles.
Toutes nos peurs se fondent sur une réalité imaginée par notre cerveau. C’est un mécanisme salvateur, néanmoins, il est devenu inutile voir contre productif aujourd’hui où nous vivons dans un confort et une sécurité bien plus grande que lorsque étions nomades.
La peur est légitime

Nous avons peur de ce que nous ne connaissons pas ou ne savons pas. Avoir peur des araignées se « soigne » en apprenant à mieux les connaître et savoir précisément desquelles il faut se méfier, de comment les manipuler, comment être en interaction avec elles. Les cas les plus phobiques en appelleront à d’autres techniques que le coaching mais le cheminement sera sensiblement le même.
Lorsque nous travaillons sur une peur en séance, la première étape va être d’accueillir cette peur, de l’accepter, de la reconnaître. C’est une émotion primaire et pour être gérée, elle doit être exprimée. Une é.motion a pour rôle de vous mettre en mouvement suivant un contexte, une situation. Lui donner sa place sans chercher à la refouler est essentiel pour que lorsqu’elle se présente à nouveau, nous puissions à nouveau l’accueillir et la gérer, sans lui laisser le contrôle.
Elargissez votre zone de confort

Pour « vaincre » vos peurs, il est important de comprendre que cela vous signale l’inconnu. En apprenant, en essayant, petit à petit, vous élargissez vos connaissances, vous vous connaissez mieux, vous maîtrisez mieux votre environnement. Il devient plus difficile d’avoir peur. Cette émotion peur vous a indiqué quelque chose qu’il pourrait vous être utile de mieux maîtriser. En l’écoutant, en l’acceptant, en relevant le défi, vous pouvez grandir.
Une méthode à la fois confortable et contraignante est celle du PPPP, le Plus Petit Pas Possible. Que pouvez vous faire de petit pour aller vers votre objectif? Pas la peine de s’évertuer à franchir de grandes étapes en une fois. Un escalier se monte marche après marche, une montagne se gravit pas à pas, quelle que soit la grandeur du pas. Par contre, il vous faut faire un pas tous les jours. Quelle que soit la taille du pas, il faut avancer tous les jours. Confortable et contraignant.
J’ai souvent eu le trac avant de faire une intervention en public. Peur de rater mon discours, de mal transmettre mon message, d’être jugé. J’ai travaillé cette peur irrationnelle (invérifiable), cherché à la comprendre, à entendre ce qu’elle me disait. J’ai toujours le trac, mais je l’accepte, en confiance. Parce que je vais donner le meilleur de moi même, parce qu’au moins une personne dans l’auditoire sera intéressée par le sujet, parce que je sais de quoi je parle et qu’à mon niveau, je partage mon expertise. Chaque fois, je cherche quel est la nouvelle difficulté que je vais choisir de surmonter : la taille ou le type d’audience, le rythme ou la longueur de l’intervention, une nouvelle animation…
Avez vous surmonté une peur? Comment vous y êtes vous pris autrement qu’en l’acceptant et vous en servant pour grandir?
» Les peurs que nous n’affrontons pas deviennent nos limites. «
Robin Sharma
Vous êtes plus exceptionnel.le encore que ce que vous croyez!

Si vous croyez que vous ne pouvez pas y arriver, que vous n’avez pas ce pouvoir, cette compétence, là encore votre cerveau peut agir! Il est bon de savoir comment il fonctionne.
Dans votre esprit pour chaque pensée, des images mentales se forment. Vous ne voyez pas par vos yeux, mais par l’interprétation qu’en fait votre cerveau. Vous ne ressentez pas par vos sens mais par la conjonction des informations de vos capteurs sensoriels et de votre mémoire. C’est ce que l’on appelle les heuristiques (voir le TEDx d’Albert Moukheiber).
Ne pensez pas à une échelle en haut de laquelle se trouve un tournesol.
J’ai dit n’y pensez pas!
C’est impossible. Votre cerveau crée les images mentales dont vous avez besoin pour traiter la situation. Plus efficace à l’oral qu’à l’écrit (parce que la lecture et l’écoute du mot empruntent un chemin différent dans votre cerveau), cet exercice vous montre à quel point votre cerveau a son fonctionnement propre. Vous ne pouvez y déroger, mais vous pouvez le mettre à profit.
Imaginez vous faire ce que vous pensez irréalisable, mettez y tous les détails possibles, les couleurs, les personnes, les sons, allez jusqu’au odeurs. Votre cerveau vient de créer une réalité et il pourra s’y référer lorsque cette situation s’y présentera. Une source de motivation vient d’apparaître dans vos ressources. La travailler, imaginer à nouveau cette scène va l’ancrer et équilibrer les freins que vous pouviez avoir naturellement.
Il va maintenant être plus aisé de mettre en action. Doucement, graduellement, pas à pas, faites vous confiance. Donnez vous des petits objectifs, un peu inconfortables et prenez conscience de votre valeur, de votre capacité à vous dépasser. Prenez plaisir à élargir votre zone de confort. Vous êtes en train de créer une habitude. Celle de prendre en considération les risques de la vie et de donner la possibilité d’en créer une opportunité de grandir.
Dites moi

Dites moi si, pour vous, certaines peurs sont insurmontables. Ce que vous avez entrepris, même sans succès. Ce que vous n’osez entreprendre.
Racontez moi, si vous aussi vous avez surmonté une peur, ou au moins fait face et quelle démarche vous avez entrepris.