Article issu de la formation « devenez le Scrum master que tout le monde s’arrache » https://selfincentive.com/programme-de-certification-scrum-master-psm-i
Une représentation désuète
Vous avez peut être déjà vu cette image qui rends compte de ce à quoi ressemble un développement Agile en comparaison des modes de développement traditionnels
Dans cette métaphore, on décrit les méthodes traditionnelles avec un objectif bien défini (Je veux une voiture) que l’on obtient en délivrant des lots pas forcément utilisables (Comment notre client peut évaluer la justesse du produit avec 1 roue?)
On suppose alors que le client sait exactement ce qu’il lui faudra au moment où nous lui délivrerons le produit. Nous le laissons vivre avec ses croyances. Est-ce vraiment le rôle de conseil que nous devons au client?
On l’oppose à la livraison itérative de différents moyens de locomotion, supposant que le client commence par demander à pouvoir se déplacer d’un point À à un point B, puis un besoin d’équilibre, puis de vitesse, etc…
Ce qui est bien pratique, c’est que l’on peut aider ainsi à réaliser que le client n’a pas vu très juste sur le bon produit. Imaginons qu’il ait omis de nous dire que c’était pour rejoindre son bureau sur l’île au milieu du lac. Et bien le premier essai montrera que le modèle à roue du skate n’est pas une bonne idée. Ouf, on a pas attendu la fin du mode tunnel pour que le client réalise qu’une voiture ne l’est pas non plus. On aurait pu mettre le client en face de ses responsabilités contractuelles, après tout, on lui a livré ce qu’il a demandé. Pour ceux qui préfère livrer ce dont le client a vraiment besoin, objectif atteint, on a participé à ce que le client réaligné sa demande en fonction de ses besoins réels au plus tôt. Sauf que…
Et bien je la trouve assez éloignée de la réalité de ce qu’est réellement ce que nous recherchons en mode agile.
Je m’explique. S’il est vrai que l’on va chercher sans cesse à livrer un produit fonctionnel et qui nous permet d’évaluer la direction à prendre vers le bon produit, on va aussi chercher à éviter les gaspillages et chaque étape de 2 à 5 montre peu de réutilisation de l’incrément précédent avec force d’adaptation à chaque itération. Est-on vraiment en maîtrise de notre vision?
Je vous propose une autre métaphore que je trouve plus proche de l’esprit que je vous invite à amener à vos organisations.
La Graine Agile
Imaginez votre produit comme une graine que vous allez semer dans un environnement plus ou moins favorable à sa croissance. En fonction de ce qu’il sera plus ou moins accueillant, votre graine trouvera ou pas les conditions propres à son évolution. A ce sujet, je vous invite à aller voir du côté des « terreaux culturels », un concept d’accompagnement développé par André Robitaille www.terreauxculturels.net
Donc, suivant ce terreau, votre produit naissant va trouver de quoi s’ancrer et commencer à montrer ses premières esquisses, les premières feuilles. Dans la nature, les premières feuilles ont pour rôle de maximiser la création d’apport pour la croissance de la plante en même temps qu’elles valident que l’environnement extérieur est propice à sa croissance (par la bonne dose de soleil et de vent par exemple).
Il en est de même pour votre produit. Vous avez validé que votre environnement interne est propice? Vous avez le support de votre organisation? Il est temps de vous confronter à l’environnement extérieur pour valider vos suppositions. Votre produit va-t-il évoluer dans un contexte favorable à son évolution? Va-t-il être accueilli et nourri par votre public?
Les 2 premières feuilles n’ont souvent pas vocation à perdurer. Une fois leur objectif de démarrage atteint, elle vont flétrir et tomber. Votre produit peut aussi utiliser cette démarche en propulsant une version de test d’acceptance, une preuve de concept afin de valider que vous proposez quelque chose qui sera bien accueilli, sans avoir trop dépensé. Ce test n’a pas vocation à perdurer, il vous a servi de base pour vous assurer que vous êtes dans le bon environnement pour votre produit, ou que votre produit est le bon pour l’environnement choisi.
Et ensuite? Et bien votre produit va grandir en suivant les retours que vous collecterez au fil des itérations. Une approche traditionnelle vous amènerait à commencer par une galette de 90cm de diamètre et 10 cm de haut pour votre première tranche de tronc. Sans aucune feuille avant longtemps pour alimenter votre produit et en divinisation que votre plante finale fera 8m30 de haut en poussant tout droit. Un arbre commence comme une frêle plante ce qui lui laisse le loisir de choisir comment continuer de pousser, où se situe le meilleur ensoleillement, faut-il pousser encore ou peut-on entamer une large ramure? Est-ce temps d’essaimer?
En approche traditionnelle, on va plutôt comparer à la construction d’une maison, dont le plan est validé en amont et la réalisation va suivre le plan. Chaque adaptation sera coûteuse, mais c’est accepté par ce modèle. A noter toutefois que l’agilité s’insinue aussi dans le bâtiment et que de belles expérimentations se font jour. (a découvrir dans nos prochaines interviews sur l’Agilité hors I.T. 🙂 )
Une plante va produire de la matière pour s’en séparer, les feuilles, les branches, les racines. Tout ce qui la constitue ne perdurera que dans la mesure où cela reste vraiment utile. Pour votre produit cela doit être pareil. Votre architecture doit être nécessaire et suffisante mais ne doit pas se projeter trop en avant au risque d’être un coût capable de tuer le projet. Que ferait une plante d’un système racinaire d’un chêne, si aucune feuille ne peut produire de glucides? C’est une dépense que n’imagine pas la nature. Inspirez vous en 🙂 Chaque itération doit ajouter de la valeur à votre produit, autrement dit, votre produit doit pouvoir générer toujours plus de valeur à chaque itération. Ne prenez pas les décisions trop tôt, c’est la science de l’agiliste que de savoir prendre les décisions au meilleur moment. Laissez vous guider par le contexte, donc autorisez vous à être à l’écoute du contexte. Ne fermez pas vos yeux et vos oreilles, ne contractualisez pas trop et trop tôt. Acceptez de ne pas planifier trop en avance au risque de vous engager dans une moins bonne voie que ce que vous offrirait un contexte toujours changeant. Cultivez votre capacité d’adaptation et faites vous confiance pour savoir relever les défis et apprendre de vos erreurs. Restez humble face à l’avenir pour en faire votre allié et ne pas gaspiller votre énergie à tenter de le changer.
Bref, soyez Agile 🙂